Séminaire final du projet Polinco

Le réseau « Politiques Publiques et Développement Rural en Amérique latine » (Red PP-AL), en collaboration avec l’Observatoire des Politiques Publiques pour l’Agriculture (OPPA) et l’Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro (CPDA), a contribué à clarifier cette complexité en organisant du 13 au 14 novembre à Rio de Janeiro le séminaire international « Politiques et systèmes d’innovation pour le secteur agricole en Amérique latine ». Il a réuni plus de 70 chercheurs et universitaires, dont 7 Ciradiens (voir programme ci-joint).

L’innovation constitue aujourd'hui un enjeu majeur pour le secteur agricole et pour la recherche agronomique. La notion d’innovation est d’ailleurs devenue omniprésente dans le discours des organisations publiques et privées, faisant figure de buzzword dont les frontières et les contenus deviennent difficiles à définir.

Le réseau « Politiques Publiques et Développement Rural en Amérique latine » (Red PP-AL), en collaboration avec l’Observatoire des Politiques Publiques pour l’Agriculture (OPPA) et l’Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro (CPDA), a contribué à clarifier cette complexité en organisant du 13 au 14 novembre à Rio de Janeiro le séminaire international « Politiques et systèmes d’innovation pour le secteur agricole en Amérique latine ». Il a réuni plus de 70 chercheurs et universitaires, dont 7 Ciradiens (voir programme ci-joint).

Cet événement est intervenu en conclusion du projet Polinco, qui pendant deux ans a réuni des équipes partenaires du réseau PP-AL dans 9 pays d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Mexique, Nicaragua, Paraguay, et Uruguay). Ce séminaire a été l’occasion de présenter l’ouvrage collectif issu de ces travaux[1], disponible en accès libre. Il a également permis d’approfondir des réflexions transversales autour de la transformation des systèmes de recherche et développement agricole dans la région, en présence des contributeurs du projet, de nombreux partenaires brésiliens et de référents d’institutions internationales (FAO, IICA, Procisur, CEPAL). 

Bilan des réflexions : au-delà des singularités nationales, des convergences fortes s’expriment entre les pays, autour tout d’abord des périodisations historiques. La Révolution verte et les politiques mises en place entre les années 1950 et 1970 ont consacré le développement des grands instituts nationaux de recherche et de développement favorisant le transfert de technologies, au gré d’une planification centralisatrice et sous l’influence des grands organismes internationaux. Les politiques libérales des années 1980 et 1990 ont marqué un désinvestissement des États au profit d’opérateurs privés et une accentuation du soutien au modèle agro-exportateur. Par la suite, l’essor des gouvernements néo-développementalistes et de la gauche latino-américaine dans les années 2000 et 2010 ont consacré un réinvestissement massif dans le domaine des sciences et technologies agricoles, tourné notamment vers l’agriculture familiale et la valorisation des savoirs locaux. La figure de l’État centralisateur et planificateur a néanmoins perdu de son influence, au profit de politiques visant à favoriser l’innovation dans les territoires, à créer les conditions d’une émulation et d’une mise en réseau entre acteurs. C’est au cours de la derrière décennie que la notion d’innovation a acquis une popularité notoire, avec une multiplication des institutions, des instruments d’action publique ou même des lois y faisant explicitement référence. Ce renouveau sémantique fait néanmoins l’objet d’analyses critiques, questionnant l’authenticité des ruptures que cette dynamique porterait vis-à-vis des approches diffusionnistes de l’innovation, ou plus directement du caractère intrinsèquement positif qui est souvent associé à l’idée même d’ « innovation ».

De nouvelles pistes ont été identifiées lors du séminaire pour poursuivre les recherches dans ce domaine. Elles portent sur la compréhension des processus de convergences et divergences entre les pays, et sur l’évaluation des systèmes d’innovation à partir de critères permettant de capturer leur efficacité et leur équité. La nécessité d’engager une réflexion prospective pour repenser les systèmes d’innovation face aux nouveaux enjeux de l’agriculture latino-américaine a également été mise en avant. Parmi ces enjeux ont été évoqués en particulier le démantèlement des politiques d’appui à l’agriculture familiale dans certains pays, le renforcement du rôle des technologies numériques dans la production, ou encore l’accroissement des risques climatiques et le développement d’une agriculture urbaine.

Cet événement a bénéficié du soutien du Cirad, de l’Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro, du Consulat de France / Institut Français de Rio de Janeiro, de l’Ambassade de France au Brésil, de la Capes et de l’Université de Brasília. Il a été précédé le 11 novembre par le séminaire de clôture du projet GAPRA (Gouvernance Alimentaire et PRAtiques des ménages agricoles), financé par le programme GlofoodS (coord. Sandrine Freguin-Gresh, UMR Art-Dev). Le 12 novembre ont également eu lieu une réunion du comité de coordination du DP PP-AL, et un séminaire de préparation du nouveau chantier collectif du DP portant sur politiques de sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires durables en Amérique latine et dans les Caraïbes.

[1] « Sistemas y políticas de innovación para el sector agropecuario en América Latina”, sous la direction de Frédéric Goulet, Jean-François Le Coq, et Octavio Sotomayor. Editions e-papers, Rio de Janeiro.

Publiée : 07/01/2020